Patrick Saffar est Docteur en études cinématographiques, conférencier et critique de cinéma. Il s'intéresse en particulier à l'esthétique hollywoodienne des années 40 et 50 et au concept de "classicisme" dans l'histoire du septième art. Il collabore à des revues étrangères et françaises, comme Jeune Cinéma et Positif, et participe activement à des manifestations consacrées à cet art dans le monde entier, dont le Festival de Cannes.
Adapté d'une pièce de René Fauchois d'inspiration vaudevillesque, le Boudu sauvé des eaux (1932) de Jean Renoir en revisite les situations et les enjeux, proposant de la fable d'origine une lecture qu'on a coutume de qualifier d'« anarchiste », à l'image de son génial acteur Michel Simon sur lequel le film se veut être aussi un document.
Boudu sauvé des eaux, c'est d'abord l'histoire de ce clochard (Boudu) qui, après avoir sauté dans la Seine, se retrouve plongé dans l'univers petit bourgeois de ses « bienfaiteurs » dont il ne tardera pas à chambouler les habitudes. Mieux, à partir de cette classique opposition des contraires, ce sont les comportements, les humeurs, la gestuelle des membres de cette maisonnée qui vont se trouver affectés, et dont la mise en scène inventive de Renoir rend un compte aussi précis qu'allusif.
Boudu sauvé des eaux est un des premiers films de Jean Renoir à présenter une vision du monde à la fois « complète » et protéiforme, une vision que le présent ouvrage restitue dans une approche personnelle et novatrice.
En épilogue, le livre rappelle que Boudu sauvé des eaux a donné lieu à deux remakes, l'un signé Paul Mazursky (1986) et l'autre Gérard Jugnot (2005), avant d'opérer un rapprochement des trois films, moins comme oeuvres en soi que comme symptômes.