Roger W. Oliver est professeur de théâtre et de disciplines humanistes à la Juilliard School et à la New York University. Il a écrit Dreams of Passion: The Theater of Luigi Pirandello.
Je compare la création artistique à la faim... Elle augmente à mesure que ma solitude augmente. Je me suis fait comprendre dans un langage qui vu au-delà des mots qui me trahissaient, au-delà de la musique que je n'ai jamais pu dominer, au-delà de la peinture qui m'a toujours laissé indifférent. J'ai soudain découvert que je pouvais correspondre avec le reste du monde dans un langage venant du fond de l'âme, formant des phrases qui échappaient au contrôle de mon intellect de façon presque sensuelle. J'ai perfectionné mon langage avec la détermination absolue et obstinée d'un enfant et pendant vingt ans, inlassablement, frénétiquement j'ai rempli le monde de rêves, de fantaisies, d'excès intellectuels et d'élans de folie...
Ingmar Bergman
Depuis les premiers films classiques comme Le septième sceau et Les Fraises sauvages, jusqu'au dernier chefs-d'oeuvre, Fanny et Alexandre, Ingmar Bergman a réalisé des films qui ont changé la façon de considérer le cinéma. Bien que s'étant retiré du cinéma, il poursuit cependant son activité de metteur en scène de théâtre et d'écrivain et reste ainsi une référence en matière de littérature et d'art dramatique.
Le présent ouvrage, Ingmar Bergman - Le cinéma, le théâtre, les livres, recueille pour la première fois ce qui a été dit ou écrit par Bergman lui-même et par d'autres grands du cinéma, du théâtre et de la littérature sur le thème "Ingmar Bergman". Au travers des articles ou des essais de Woody Allen, James Baldwin, François Truffaut Coryn James, John Lahr et Jean-Luc Godard, des interviews à Bergman, Liv Ullmann et Bibi Andersson, des contributions de Max von Sydow, Gunnel Lindblom et Eva Dahlbeck, nous apprenons comment Bergman réalisait ses films, comment il travaillait avec ses acteurs, ce qu'il pensait de son public, de sa carrière et sa décision récente de s'éloigner du cinéma pour se consacrer au théâtre et à la littérature. Les films de Bergman, ses textes théâtraux et ses romans prennent un autre relief grâce ci cet ouvrage qui rend justice à l'ampleur et à la durée de la carrière d'un artiste complet.
« Faire des films, c’est aussi replonger par ses plus profondes racines jusque dans le monde de l’enfance… » : Bergman a souvent évoqué le monde de l’enfance mais toujours en tant qu’accès privilégié à la dimension de l’imaginaire, donc de la matière sauvage et irrationnelle des rêves, où se dissimulent les pulsions les plus secrètes et révélatrices du Moi. La force prodigieuse des créations visuelles et narratives du réalisateur suédois – le chevalier médiéval qui joue aux échecs avec la Mort ; un vieil homme et les fantômes de son enfance ; la dangereuse confrontation entre les identités de deux femmes ; un enfant qui lutte contre le Mal incarné par un évêque – dérive aussi du fait qu’elles s’insèrent dans un imaginaire riche d’une tradition littéraire et figurative qui s’étend jusqu’au vingtième siècle, puisant notamment sa source chez Strindberg et Ibsen. Depuis la fin des années 1930 jusqu’à sa mort, en 2007, Ingmar Bergman a été l’auteur d’une œuvre immense qui s’est exprimée dans les mises en scène théâtrales, dans l’écriture dramaturgique et narrative mais surtout dans le cinéma avec la réalisation de presque 70 films qui lui offrirent une renommée internationale.
Dans ce livre, une sorte de guide analytique et historique du cinéma bergmanien, accompagné d’un important contenu iconographique basé presque exclusivement sur des photogrammes extraits des films de Bergman et choisis en rapport étroit avec le texte, sont examinées une à une toutes les œuvres cinématographiques du maître suédois ; de Crise (1946) à Sarabande (2003), en passant par les classiques des années 1950 (Le Septième Sceau, Les Fraises sauvages), les films « de chambre » des années 1960 (Persona, L’Heure du loup), jusqu’à l’onirique Cris et Chuchotements, au film-fleuve Scènes de la vie conjugale et au magnifique film qui résume son œuvre, Fanny et Alexandre. L’analyse de chaque film prend en compte sa matrice, son histoire entre vicissitudes et manipulations de la censure, son originalité et son autonomie tout comme ses connexions avec l’œuvre complète du réalisateur. Et pour la première fois sont également traités, de manière exhaustive, ses films produits pour la télévision entre 1957 et 2000, qui restent « cinématographiques » à tous les effets.
Roberto Chiesi, critique cinématographique et responsable du Centre d’études et de l’archive Pasolini de la Cinémathèque de Bologne, a écrit des essais sur le cinéma bergmanien pour des revues spécialisées (Segnocinema, Cineforum) ou pour divers livres (L’occhio del diavolo, 2017). Il a de plus dirigé l’édition des e-book de 18 dvd de la « Bergman Collection » pour BIM.